Quel était ton parcours avant de faire Noé ?
Après m’être spécialisée dans l'écosystème culturel, puis les opérations en start-up et l’entrepreneuriat, j’ai fait 2 ans dans un cabinet de conseil axé sur le secteur public. Très vite, je me suis rendue compte que ça ne me convenait pas vraiment.
Je suis rentrée chez Beta.Gouv, un incubateur de services publics numériques, en tant que CSM et support utilisateur pour la plateforme JeVeuxAider.gouv.fr. C’est là que je me suis prise de passion pour le Produit, puisque c'était moi qui remontait les bugs et qui avait des feedback utilisateurs.
Pourquoi as-tu décidé de suivre une formation ? Quel était le projet derrière rejoindre Noé ?
Chez JeVeuxAider.gouv.fr, je bossais avec l’équipe dev et design. Je revoyais les maquettes avec eux, je faisais des suggestions et des receipts. Je voulais me valoriser sur le marché du travail, j’ai donc vu Noé comme un moyen de valoriser mon expertise et mes expériences auprès des recruteurs. J'aime bien me documenter par moi-même mais j'aime aussi le fait d'avoir une formation qui est structurée, d'échanger avec des professionnels. C'était le bon format.
Après la formation, comment ça s’est passé pour toi ?
Le PM chez JeVeuxAider.gouv.fr est parti au moment où j’ai fait Noé, j’ai donc repris son poste directement. Mon premier chantier était principalement organisationnel : remettre à plat tous les process et faciliter la communication.
Depuis 2 ans, je suis en freelance : j’ai des missions en tant que Senior PM, Product Ops et Responsable IT pour diverses associations sociales : Article 1, De L’Or dans les Mains, Le Cercle des Langues. J’y suis responsable de l’expérience utilisateur, du design des sites, des process, des features, des maquettes, des specs et du QA…
De tes expériences précédentes, qu'est-ce qui t'aide aujourd'hui dans ton quotidien de Senior PM ?
Bosser dans la culture, ça t'apprend à faire beaucoup de choses avec peu de moyens. Je trouve que c'est très proche d’un MVP. Tu dois te concentrer sur l'essentiel et contourner les contraintes.
Le conseil est une bonne école : on apprend à être ultra clair et rigoureux. Ça sert dans le produit, quand tu parles d'une nouvelle feature ou de ta roadmap - rassurer, convaincre et répondre aux questions des non-initiés.
Le support / service client, c’est top pour commencer dans le produit. C'est le meilleur moyen de comprendre ce qui bloque : en tant que Product on peut avoir des biais et ne pas comprendre que l’interface est mal conçue.
Qu’est-ce que tu retiens principalement de la formation Noé ?
J’ai adoré les cours, qui étaient très polyvalents, et j’utilise encore SQL par exemple ! Il y a un très bon mix entre introduction aux outils et saisie des enjeux. Noé te donne un super starter pack que tu es libre d’enrichir par la suite, le tout dans la bienveillance générale. Même si j’ai moins exploité l’aspect réseau, j’ai eu l’occasion de discuter avec des alumni qui souhaitaient entrer en Product dans le service public pour les conseiller.
Quel impact a le produit dans tes activités perso comme ton podcast ?
Avoir des metrics prédéfinies et de ne pas se disperser. J'ai été très au clair sur mon objectif dès le début, celui d'avoir une vraie qualité de son et d'interview. Maintenant que j’y suis arrivée, je vais plus me concentrer sur l'acquisition.
Mon podcast parle de maladie et de handicap*, qui peuvent être des sujets sensibles. Je tenais à mettre à l’aise mes invités tout en récoltant des informations pertinentes pour les auditeurs. J’ai donc fait beaucoup d’entretiens en amont, pour valider ma méthode.
Mes connaissances Produit me permettent de challenger mes prestataires ou bien de prendre certains aspects en main.
*NDLR : le podcast de Giulietta, lanomalie, va à la rencontre de personnes touchées par la maladie et le handicap, pour parler de leurs parcours, sans fioritures.
Tu as de nombreuses expériences avec des engagements sociaux, quelle est ta ligne directrice ? Comment as-tu fait tes choix de carrière ?
J'ai une sclérose en plaque, donc ça change beaucoup de choses dans mon rapport au travail. Pour moi, c'est essentiel de travailler avec des personnes avec lesquelles je me sens bien et qui vont respecter mon équilibre et mon éthique de travail.
J'ai toujours bossé sur des projets engagés parce que je privilégie les projets qui m’intéressent, en l’occurrence ceux qui touchent à l'économie sociale et solidaire. En fait je n’ai jamais cherché mes missions puisque j'ai toujours été recommandée, en partie grâce à Noé.
Aujourd'hui, quels sont tes challenges ? Comment tu gères ton temps entre le pro et le perso ?
Actuellement, apprendre le design et l’UI, mais aussi monter en compétences en No-Code et en IA. Je trouve capital de continuer à progresser et à enrichir ses compétences, que ce soit dans le cadre des missions ou bien sur le marché freelance.
L’autre challenge, qui est lié à mon statut de freelance, c’est l’organisation. Je mets un point d’honneur à optimiser mon temps de travail et à privilégier les moments de la journée où je suis productive. J’ai aussi découvert l’importance de valoriser le travail invisible !
Quels sont les enjeux Product dans le milieu associatif ?
- La méconnaissance des professionnels du secteur vis-à-vis du digital. Ils sont moins susceptibles d’aller challenger les prestataires et donc risquent plus de se retrouver avec des solutions chères et peu pertinentes.
- La mesure de l’impact. Le secteur public ne fait pas de CA et les associations ont des sources de revenus variées (prestas mais aussi subventions), on doit donc s’orienter sur d’autres metrics plus difficiles à mesurer, comme l’engagement.
- Faire l’arbitrage entre les guidelines Product mais aussi les conditions des financeurs, ce qui peut donner des décisions qui ne vont pas toujours dans le sens de la roadmap initiale.
- Augmenter la reconnaissance des assos dans l’écosystème produit ! Elles font un travail de dingue, avec des budgets ultra limités, c’est admirable.
As-tu souffert du syndrome de l'imposteur avant, pendant ou après la formation ?
J’en ai souffert presque durant toute ma vie professionnelle. A moins d’avoir une expertise sectorielle très poussée, c’est facile de se sentir un peu dépassé en arrivant sur une mission. Avant, ça me créait beaucoup de stress. Avec l’expérience, j’ai plus confiance en ma rigueur et en la qualité de mon travail.
La formation m’a beaucoup aidée sur cet aspect. J’ai pu négocier mon TJM sur les conseils de Noé, là où j’ai aussi rencontré des gens brillants et inspirants qui m’ont montré qu’on pouvait dépasser ses difficultés en bachotant.
Qu'est-ce que tu aimes le plus dans ton quotidien de senior PM ?
Bosser avec les devs et les designers. J’adore créer la relation de confiance avec chaque équipe et chaque individu, savoir comment chacun fonctionne pour mieux attribuer les missions. Il y a une forme de routine sociale qui s’installe que j’aime beaucoup. D’un autre côté, j’ai aussi eu beaucoup de chance de travailler avec des équipes très bon enfant.
Un conseil pour ceux qui veulent faire du produit un vecteur d’impact social positif ?
Développer sa culture produit et apprendre à se débrouiller avec les moyens du bord. Le milieu associatif est un peu le parent pauvre dans le Produit, puisqu’il y a beaucoup moins de budget pour le développer. Il faut être préparé à reproduire ce qu’on voit dans le privé et donner aux users une super plateforme. Tout ça pour valoriser le travail des associations au maximum !